Ҩ Ceci n'est pas une pipe

❝The only people for me are the mad ones, the ones who are mad to live, mad to talk, mad to be saved, desirous of everything at the same time, the ones who never yawn or say a commonplace thing, but burn, burn, burn, like fabulous yellow roman candles exploding like spiders across the stars…

Une odeur mentholée à l'extrême me fit sortir de ma rêverie, une vague envie de vomir se refaisait sentir en même temps qu'un grand black, les yeux exorbités, se tenait face à moi, me secouant dans tous les sens. P'tain mec, tu veux pas aller secouer ta queue à la place de ma tête ? Un léger sourire fendit son visage, laissant apparaitre de grandes dents blanches. P'tain meuf, j'sais pas si tu t'en es rendu compte, mais y'a des connards qui se sont amusés à te cracher du dentifrice à la gueule. Au lieu d'm'insulter, t'devrais m'remercier, meuf. Z'étaient sur le point te déflorer, mais le bon Milky est toujours là pour sauver la donzelle en détresse ! Chacun de ses mots passaient sur moi comme un vent froid, une vague de chaleur pourtant envahit ma tête, laissant mes mains moites et mes jambes sans force. Je le regardais, il semblait heureux le benêt. Je tirais sur mon débardeur noir devenu dalmatien. Une larme s'écrasa sur mon vêtement, puis une autre. J'étais la fille d'une rock-star, certes sur le déclin, mais jouissant d'un certain privilège dans l'imaginaire des gens. Et moi, je n'étais même pas capable de finir une simple bouteille de Gin sans perdre un total contrôle de mes perceptions, de moi. T'sais, c'est pas bien grave, hein ! T'aurais pu finir carrément plus mal, t'vois ? Et puis j'leur ai refait le portrait à ces connards !. L'autre souriait toujours, béatement. Il tentait de me laver le visage, lui aussi maculé de dentifrice, à l'aide d'un gant humide. Détournant le visage, je remarquais qu'il n'y avait plus de musique, un calme absolu, celui d'après la tempête. Si tu veux pleurer, vas-y. J'me ficherais pas de ta gueule, j'suis pas comme les autres nazes, t'sais ? Un frisson parcourait mon corps frêle, l'autre semblait l'avoir remarqué et me recouvra d'une vielle couverture qui trainait quelques mètres plus loin. Il semblait ne pas vouloir me laisser seule. Une rage folle emplissait mon petit corps, une envie de frapper, casser, détruire, saccager n'importe quel objet se trouvant à la portée de mes mains. Mais je ne fis rien, restant figée sous ma couverture et sous ses yeux protecteurs. On resta ainsi un long moment, sans échange un seul mot, parfois un regard rassurait l'autre.

Depuis, nous ne nous sommes plus quittés. Se confondant l'un dans l'autre.

❝I must see new things and investigate them. I want to taste dark water and see crackling trees and wild winds. I want to gaze with astonishment at mouldy garden fences. I want to experience them all, to hear young birch plantations and trembling leaves, to see light and sun, enjoy wet, green-blue valleys in the evening, sense goldfish glinting, see white clouds building up in the sky, to speak to flowers. I want to look intently at grasses and pink people, old venerable churches, to know what little cathedrals say, to run without stopping along curving meadowy slopes across vast plains, kiss the earth and smell soft warm marshland flowers. And then I shall shape things so beautifully: fields of colour…

ec.

❝ T'es toujours sage, tu dis jamais rien, mais le danger c'est justement les filles comme toi parce qu'elles sont très intelligentes, elles se taisent mais du coin de l'œil, elles nous observent.

ec.